Ayez pitié du pauvre pêcheur! Le Martin-pêcheur (sur Seine) Cette espèce de Martin-pêcher ne pêche rien du tout. Au lieu de se plaire à voltiger et à poursuivre sa proie en zig-zag, le Martin-pêcheur bipêde reste immobile comme une borne aquatique les bruits qui l’environnent, la pluie, la grêle le tonnerre, les éclairs, les quolibets des passans, rien ne l’émeut rien ne saurait le détourner de sa ligne. Quelquefois, après une journée entière d’attente il finit par sentir l’extrémité du roseau fléchir sous un poids inacoutumé, son œil s’anime, son cœur bondit d’espoir et de bonheur, il tire avec précaution et ramène… un vieux chauson ou une vieille savate, mais à défaut de poissons, il est toujours certain d’attraper des rhumatismes ou des fluxions de poitrine. Le Martin-pêcheur, stationne d’ordinaire le long des quais, par le froid, le vent et la pluie, enfoncé dans l’eau jusqu’à mi-corps ; c’est ainsi qu’il descend gaiement le fleuve de la vie. Et, alors qu’enfin la mort vient le saisir, il se prend à douter de l’existence du goujon.
Ayez pitié du pauvre pêcheur! Le Martin-pêcheur (sur Seine) Cette espèce de Martin-pêcher ne pêche rien du tout. Au lieu de se plaire à voltiger et à poursuivre sa proie en zig-zag, le Martin-pêcheur bipêde reste immobile comme une borne aquatique les bruits qui l’environnent, la pluie, la grêle le tonnerre, les éclairs, les quolibets des passans, rien ne l’émeut rien ne saurait le détourner de sa ligne. Quelquefois, après une journée entière d’attente il finit par sentir l’extrémité du roseau fléchir sous un poids inacoutumé, son œil s’anime, son cœur bondit d’espoir et de bonheur, il tire avec précaution et ramène… un vieux chauson ou une vieille savate, mais à défaut de poissons, il est toujours certain d’attraper des rhumatismes ou des fluxions de poitrine. Le Martin-pêcheur, stationne d’ordinaire le long des quais, par le froid, le vent et la pluie, enfoncé dans l’eau jusqu’à mi-corps ; c’est ainsi qu’il descend gaiement le fleuve de la vie. Et, alors qu’enfin la mort vient le saisir, il se prend à douter de l’existence du goujon.
Title (alt.):
Charivari. Pity on the fisherman! The Kingfisher (of the Seine) This kind of Kingfisher never catches any kind of fish. Instead of tossing and pleasing to pursue his prey in a zig-zag manner, the Kingfisher remains motionless as the terminal water sounds that surround him, rain, hail, thunder, lightning, the puns of bystanders, nothing excites him nothing can make him turn away from his line. Sometimes, after a full day of waiting he finally feels that tip of the rod bending by an unaccustomed weight, his eyes light up, his heart leaps with hope and happiness, he pulls back the line carefully... an old slipper or a shoe, but instead of catching a fish, he is always certain to catch rheumatism or pneumonia. The Kingfisher- usually, stationed along the river banks in the cold, wind and rain, plunged into the water up to his waist ; thus he goes down merrily the river of life. And, then finally comes death's grasp, he begins to doubt the existence of gudgeons.
Description:
A man is fishing. The text contains two plays on words: "Pêcheur" means both fisherman and sinner. Thus the caption could equally read "have pity on a poor sinner". "Martin-pêcheur" means kingfisher, literally one could also translate: Martin the fisherman, or Martin the sinner. Like the famous bird "the kingfisher", our lonely fisherman quietly waits his prey and hopes for the big catch.
Copyright restrictions may apply. For permission to copy or use this image, contact the Robert D. Farber University Archives and Special Collections Department, Brandeis University Libraries. The following credit line must be included with each item used: Benjamin A. and Julia M. Trustman Collection of Honoré Daumier Lithographs, Robert D. Farber University Archives & Special Collections Department, Brandeis University.
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Place of origin:
Paris
Notes:
Published in: Le Charivari, March 15, 1838.
2nd state.
Notes (acquisition):
Donated by: Benjamin A. and Julia M. Trustman, 1959.