Ayez pitié du pauvre pêcheur! Le Martin-pêcheur (sur Seine) Cette espèce de Martin-pêcher ne pêche rien du tout. Au lieu de se plaire à voltiger et à poursuivre sa proie en zig-zag, le Martin-pêcheur bipêde reste immobile comme une borne aquatique les bruits qui l’environnent, la pluie, la grêle le tonnerre, les éclairs, les quolibets des passans, rien ne l’émeut rien ne saurait le détourner de sa ligne. Quelquefois, après une journée entière d’attente il finit par sentir l’extrémité du roseau fléchir sous un poids inacoutumé, son œil s’anime, son cœur bondit d’espoir et de bonheur, il tire avec précaution et ramène… un vieux chauson ou une vieille savate, mais à défaut de poissons, il est toujours certain d’attraper des rhumatismes ou des fluxions de poitrine. Le Martin-pêcheur, stationne d’ordinaire le long des quais, par le froid, le vent et la pluie, enfoncé dans l’eau jusqu’à mi-corps ; c’est ainsi qu’il descend gaiement le fleuve de la vie. Et, alors qu’enfin la mort vient le saisir, il se prend à douter de l’existence du goujon.

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